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Élémentaire, mon cher Fire.

Cette semaine (et après un mois d'absence), je participe au challenge de Margaux Doury, une graphiste talentueuse et une amie très proche dont vous pouvez voir le travail ici et . Elle a lancé le #elementairemoncherconcept . Il s'agit de représenter un élément (eau, terre, air, feu, esprit) d'une manière ou d'une autre. Sachant que mes capacités de dessineuse avoisine cette d'un bulot tétraplégique et que je reste persuadée que le bulot en question dessine bien mieux que moi, ma participation au challenge est bien évidement un texte. Personne ne veut voir un élémentair patate.

Pourquoi?

PAR LE POUVOIR DE LA SAINTE PATATE!

Non, définitivement. Ça n'est pas possible. Voilà.

J'en profite aussi pour vous dépeindre deux personnages qui ont vu le jour il y a très longtemps et qu'on retrouvera sans doute plus d'une fois sur ce blog : le Feu Dansant et sa sœur l'Eau. Je vous laisse découvrir ces personnages via ce petit challenge, hop, l'air de rien.

Bonne lecture et amour sur vous!

concept elements par Margaux Doury.

À genoux dans la poussière, elle sent chacun des graviers qui s’incrustent dans sa chair. La sensation est désagréable, pénible même. Elle l’énerve bien plus qu’elle ne veut bien l’admettre. Toute cette situation l’agace bien plus qu’elle ne le laisse voir ; pourtant, une drôle d’impression envahi ceux qui l’entourent, elle vient leur chatouiller l’estomac, appelant au plus primitif des instincts : elle est dangereuse, il faut faire attention. Ils n’ont pas idée. Elle est à terre, encerclée, la bataille fait rage et elle est en train de la perdre. Pourtant elle les toise avec fierté, son regard est sauvage. Elle n’a pas l’air d’être vaincue ; son regard passe d’un assaillant à l’autre et sape toute leur joie d’avoir réussi l’exploit de la mettre au sol. D’une main, elle plante sa fine épée dans la terre humide. Le sol crépite, une fumée ocre s’élève du point d’impact. Une vague de chaleur s’abat tout autour de la jeune femme, englobant tout dans un rayon de vingt mètres. D’abord supportable, la température augmente jusqu’à indisposer les hommes en armure tout autour d’elle. Ils se savent en danger mais aucun d’eux n’ose attaquer, tous regardent la guerrière à terre avec précaution. Ils ont tous entendu les légendes, chacun d’entre eux, du plus jeune au plus vieux. Ils savent ce qu’elle est, ils savent qu’elle n’est jamais seule ; plus que tout, ils ont entendus parler de ses exploits guerriers qui n’ont rien à envier aux plus grands combattants humains. Humaine, elle ne l’est pas. Ils l’avaient tous imaginée beaucoup plus vieille et s’ils n’ont pas encore bougé, c’est également parce qu’aucun d’eux n’est réellement sûr que c’est bien la créature dont les chansons parlent. Ils ne sont pas convaincus qu’elle est le Feu Dansant des batailles du Nordelian et de la grande guerre des Âges Clairs. Elle n’a pas plus de 30 ans mais la grande guerre, elle, a eu lieu il y a bien des siècles. Si les jeunes s’y trompent plus longtemps que les plus âgés des soldats, c’est qu’ils n’ont pas l’expérience. Ils ne connaissent pas le regard, la lueur propre aux vétérans. Les prunelles de la guerrière brillent comme celles des animaux sauvages, des prédateurs acculés. Et cette chaleur qui n’en finit pas d’irradier d’elle… Les plus jeunes et les plus faibles commencent déjà à se sentir mal. Une brise agite les longs cheveux roux de la jeune femme qui viennent lui lécher le visage. Ils virevoltent autour d’elle doucement tandis qu’elle ferme les yeux, calme ; elle se détend petit à petit. Ses bras se tendent : elle donne l’impression de prier. Un jeune tombe tant la chaleur l’enivre, déclenchant un sourire chez la jeune femme. Alors que la face de l’homme touche à peine le sol, le reste des troupes l’encerclant se jette sur elle. Quelques uns se figent en voyant ses longues mèches se nimber de flammes. L’intégralité de sa chevelure danse au gré d’un vent magique et endiablé, formant un dôme protecteur qui vient frapper les plus téméraires. Les soldats touchés hurlent et s’embrasent comme s’ils venaient d’être plongés dans l’huile. Désormais tous savent, tous la contemplent avec horreur tandis qu’elle se relève avec une lenteur calculée. Elle compte sur l’effet, elle n’est pas cruelle mais ils ont tenté de la tuer. Leur mine terrifiée lui donne envie de rire : personne n’abat l’incarnation terrestre du feu. Son corps n’est désormais plus que flammes, un brasier infernal prenant les formes d’un corps de femme. Le temps semble s’être figé, le tumulte du combat n’est plus qu’un bourdonnement désagréable au loin qu’elle aimerait faire taire d’un claquement de doigt. Elle en a fini avec ces soldats, elle aura mis le temps à se mettre en rogne, à puiser dans ses réserves pour aller réveiller le feu sommeillant en elle comme un félin depuis des années. Elle l’a trouvé. Une vague de flammes émane d’elle et balaye tout sur son passage, brûlant et calcinant tout ce qui se dresse sur sa route. Des cris d’agonie lui parviennent mais elle les entend à peine. Elle est concentrée sur ses paumes enflammées. Comment avait-elle pu oublier comment trouver le feu à l’intérieur d’elle? Voilà des années qu’elle ne l’avait plus fait surgir comme ça, des années qu’elle regardait les flammes de bougies avec jalousie. Comment un objet inanimé pouvait réussir là où elle échouait lamentablement à chaque tentative ? Combien de fois avait-elle eu besoin de la présence rassurante du feu dévorant qui l’avait toujours habitée sans qu’il daigne répondre présent ? Elle s’était sentie nue sans lui, vide même. Elle avait commencé à jalouser ses soeurs, elles qui étaient toujours investies par leurs dons. Sur le champ de bataille, alors même que le chaos environnant se rappelle à son bon souvenir, elle a un léger rire, fruit du soulagement d’avoir réussi à l’invoquer à nouveau. Enfin, elle est entière. Elle récupère sa lame plantée dans le sol et regarde autour d’elle avec une sauvage envie de se jeter dans la mêlée, non pas parce qu’elle le doit mais parce qu’elle sait qu’elle pourrait battre chacun des hommes présents devant elle. Elle pourrait les annihiler jusqu’au dernier : elle en a le pouvoir. Elle est le feu destructeur, le feu primordial, l’étincelle de la vie et le feu purificateur et mortel. Ici, maintenant, elle est toute puissante. Perdue dans ses pensées de carnage et de grandeur, elle ne réalise pas que, du sol désormais sec et craquelé autour d’elle, remonte une eau transparente et pure. Doucement, l’eau s’accumule à un endroit précis, défiant toutes les lois de la nature. Elle se modèle, tourne et vire et prend finalement la forme d’un pied, puis d’un second ; ces pieds se transforment en jambes, en buste, puis finalement en un corps entier, svelte et délicat. Là où sa sœur n’est que flammes vrombissantes et langues brulantes, elle n’est qu’eau vive et courants. Il se dégage de cette nouvelle venue une sensation de calme, de bienveillance et de vie. La guerrière crépite avec impatience alors que sa compagne s’approche avec douceur. Elle a la lenteur d’un rêve. Une voix pure sort de la bouche de l’être aqueux. « Il est temps de rentrer, Voronwë. Les autres nous attendent. » Voronwë gronde un peu, elle n’a pas envie de partir. Pas maintenant qu’elle peut enfin se défendre correctement, pas maintenant qu’elle peut leur montrer à tous comme ils sont petits et insignifiants et à quel point ils n’ont aucune chance contre elle. Elle évite de regarder sa sœur mais la main qui se pose sur son épaule l’y oblige presque. Une fumée d’un blanc éclatant s’échappe de cette main, elle ne semble déranger ni l’une ni l’autre. Le regard de braise de la guerrière se pose sur les prunelles bleues et translucides de sa sœur. « Elles peuvent bien attendre encore un peu, Lastalaïca… Juste un peu, le temps que je m’occupe de ça », murmure-t-elle fiévreusement. Le ton est étonnamment suppliant, une enfant qui demande la permission d’ouvrir ses cadeaux un soir de Noël. Elles ont beau s’opposer, elles se connaissent par cœur et se complètent dans une harmonie déroutante. Là où Voronwë est actions et émotions, Lastalaïca est tempérance et patience. Elles forment un duo redoutable au sein d’une confrérie d’êtres d’exception. Un sourire s’épanouit sur le visage de Lastalaïca tandis qu’elle secoue doucement la tête. «Ca n’est pas ton combat. Le tiens vient de s’achever depuis que tu t’es retrouvée. », objecta calmement l'être de eau. Voronwë soupire et laisse échapper un gémissement d’exaspération qui tranche nettement avec la guerrière qu’elle était quelques secondes auparavant, prête à réduire à néant les guerriers de ce champs de batailles dans un torrent de flammes. Sa sœur a toujours eu le chic pour lui remettre les pieds sur terre et si elle sait qu’elle a raison, ça ne lui plait pas et elle compte bien lui faire savoir. Elle la pousse donc gentiment en secouant la tête. « Ouais, ouais, c’est bon, j’ai compris… Besoin de nous, l’univers en dépend, blablabla. », lance-t-elle avec un sourire ironique avant de se retourner, jetant un dernier regard au champ de bataille. Les deux êtres s’éloignent et disparaissent sans un bruit, ne laissant comme seule trace de leur passage un vaste cercle de terre et de corps brulés.

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